mercredi 22 mars 2017

Randonnée mortelle - M.C. Beaton

Présentation de l'éditeur ( Albin Michel) - Histoires de vies
Traducteur : Jacques Bosser

Après un séjour de six mois à Londres, Agatha retrouve enfin ses chères Cotswolds - et le non moins cher James Lacey. Même si le retour au bercail de son entreprenante voisine ne donne pas l'impression d'enthousiasmer particulièrement le célibataire le plus convoité de Carsely.
Heureusement, Agatha est très vite happée par son sport favori : la résolution d'affaires criminelles. Comme le meurtre d'une certaine Jessica, qui militait pour le droit de passage de son club de randonneurs dans les propriétés privées des environs.
Les pistes ne manquent pas : plusieurs membres du club et quelques propriétaires terriens avaient peut-être de bonnes raisons de souhaiter sa disparition. Mais la piste d'un tueur se perd aussi facilement que la tête ou... la vie !



J’attendais beaucoup de ce tome 4, tout d’abord parce que le 3 m’avait beaucoup plu et que j’avais  hâte de retrouver cette héroïne pétillante, qui, avec ses gros sabots, ne cesse pourtant de me surprendre… Mais justement, je crois que je commence à la connaitre trop bien notre Miss et je commence aussi à ressentir une certaine redondance dans le type d’enquête et dans le genre de cadavres qui finissent souvent la tête dans la terre et les pieds en l’air… C'est en effet encore le cas dans cette histoire un peu tirée par les cheveux et qui occasionne une série de cadavres pour bien trop peu de choses ! 

Ma déception vient aussi du titre très évocateur, je m’imaginais déjà notre Agatha en superbe jogging rouge à souffrir le martyr dans la campagne anglaise, et j’en rigolais toute seule d’avance … et bien… Il n’y a quasiment aucune randonnée ou si peu que ça ne mérite même pas 2 lignes dans cette chronique ! encore dommage ! 


Reste enfin à souligner l’événement marquant de ce tome qui rapproche de manière certaine notre James Lacey et Agatha !  Là aussi, le jeu du Chat et de la souris occupe beaucoup le devant de la scène au risque de faire passer l’histoire en arrière plan. Leurs relations vont évoluer et concrètement sans rien dévoiler,  la fin de ce tome risque d'apporter un peu de piment pour la suite ! 
Malgré ce petit passage un peu à vide pour moi, et dans l'attente des futures traductions, j'aimerai retrouver Agatha dans toute sa candeur, mais il faudra pour me tenir toujours conquise que les enquêtes se densifient en qualité et qu’on ne tourne pas trop en rond dans la nouvelle vie affective d'Agatha ! 


http://fanfanlatulipe85.blogspot.fr/2017/02/agatha-raisin-mcbeaton.html

 

8- Le Mystère du Val Boscombe : lire un livre se passant à la campagne

mardi 14 mars 2017

Les seigneurs de Bohen - Estelle Faye

Présentation de l'éditeur ( critic) - Fantasy

Je vais vous raconter comment l'Empire est mort.
L'Empire de Bohen, le plus puissant jamais connu, qui tirait sa richesse du lirium, ce métal aux reflets d'étoile, que les nomades de ma steppe appellent le sang blanc du monde. Un Empire fort de dix siècles d'existence, qui dans son aveuglement se croyait éternel.
J'évoquerai pour vous les héros qui provoquèrent sa chute. Vous ne trouverez parmi eux ni grands seigneurs, ni sages conseillers, ni splendides princesses, ni nobles chevaliers... Non, je vais vous narrer les hauts faits de Sainte-Étoile, l'escrimeur errant au passé trouble, persuadé de porter un monstre dans son crâne. De Maëve la morguenne, la sorcière des ports des Havres, qui voulait libérer les océans. De Wens, le clerc de notaire, condamné à l'enfer des mines et qui dans les ténèbres découvrit une nouvelle voie... Et de tant d'autres encore, de ceux dont le monde n'attendait rien, mais qui malgré cela y laissèrent leur empreinte.

Et le vent emportera mes mots sur la steppe. Le vent, au-delà, les murmurera dans Bohen. Avec un peu de chance, le monde se souviendra.

Un grand merci à Critic
et à Book en Stock pour cette découverte



Ah quelle claque ce bouquin ! Je remercie mes dames de BookenStock d’avoir mis ce livre sur mon chemin. Ayant déjà abordée l’univers d’Estelle Faye à travers le premier tome de La voie des oracles,  je me doutais bien que j’allais trouver à nouveau beaucoup de plaisir en me replongeant dans une aventure de fantasy, mais cette fois-ci beaucoup plus sombre plus nostalgique, plus mélancolique, enfin c’est le sentiment qui s’en dégage alors que je viens de refermer la dernière page.

Voici un univers très fouillé et si dense qu’on pourrait se perdre facilement, mais il n’en est rien, car l’auteur qui sait nous perdre de façon poétique, nous rattrape de la même façon, et parfois avec une poigne de fer, ces contrastes entre actions et réflexions, entre émotions et séductions scandent avec brio les multiples mises en scènes à l’intérieur même de l’histoire première. 


Il règne sur l’intrigue globale une espèce de voile nébuleux, et à travers quelques couples de personnages que l’on suit chacun à leur tour, on apprend petit à petit dans quel genre de monde on évolue, et  pourquoi les hommes se déchirent, la plupart du temps à cause d’un métal précieux le Lirium qui conditionne la vie des habitants de l'Empire, mais aussi pour combattre de vieilles légendes qui ont données naissance à des monstres semant la panique sur les océans, et dont les attaques semblent imminentes.

Les héros de cette histoire sont très attachants et ne laissent pas indifférents, Sainte Etoile, bretteur avide d’aventures arrive en tête avec son compagnon de voyage, un double intérieur avec qui il bavarde franchement et qui permet d’apporter une touche drôle et rafraichissante. Il sera captivé par Sorenz, un redoutable mercenaire qui déclenchera en lui  des sentiments ambivalents. Il y aura aussi Maeve, la sorcière morguenne qui prendra de l’ampleur dans l’exercice de sa magie, puis Janosh et Wens qui partageront leur magie pour ne faire plus qu'un  … bref, je n'en dévoile pas trop, mais ces personnages, au passé lourd, sont suffisamment torturés pour déclencher des sentiments d'affection, de  sensualité et de démonstrations d’amour tout simplement.

Ce roman, d’après l’auteure, est très abouti et, cela ne m’étonne pas, il regorge de multiples inventions, de croyances et de légendes ainsi qu’un panel de créatures étonnantes, nous donnant une idée de l'incroyable imagination d'Estelle Faye, il fourmille d’histoires qui s’enchainent les unes à la suite des autres, bénéficiant d’un fil conducteur "Loulia" la perdrix, une «changeforme» qui sous prétexte d’espionner nos protagonistes pour son roi, nous permet de voler de l’un à l’autre, devançant l'histoire et les enjeux politiques. Les tensions montent au fil du récit et l’intensité des situations nous amènent vers une fin qui laisse une porte entrouverte .... Une fin un peu précipitée, et un peu de frustation aussi de ne pas avoir toutes nos réponses et de ne pas en savoir davantage sur ce royaume, je ne désespère pas qu’Estelle entende cette requête …



Je suis passée à deux doigts du coup de coeur car la focalisation sur les personnages et leur quotidien a finit par ôter de l'intérêt à l'intrigue de fond, que l'on perd parfois un peu de vue. Mais cette galerie de personnages reste un point fort de ce roman et il y aurait beaucoup de choses à dire encore sur les destins qui se croisent et se séparent. En attendant, je préfère vous inviter à plonger dans cette histoire où chacun pourra donner libre cours à son imagination. L'auteur, par la souplesse de sa plume et son talent de conteuse nous laisse des choix dans l'interprétation, elle offre aussi une pointe de mystère à cette ambiance déjà chargée en émotion. Elle nous ensorcèle un peu, et c'est certain, on ne pourra  pas y rester insensible !


mercredi 1 mars 2017

Yeruldelgger - Ian Manook

Présentation de l'éditeur ( Le livre de poche) - Policier
pseudo de Patrick Manoukian

Yeruldelgger, commissaire à la crim’ d’Oulan Bator, est appelé dans les steppes alors qu’il enquêtait sur le meurtre sauvage de trois chinois. Là-bas il découvre le corps d’une fillette, un crime qui le ramene directement vers son propre drame personnel, l’assassinat de sa fille cadette quelques années plus tôt. Au fil de son enquête Yeruldelgger et son équipe vont découvrir que les deux affaires pourraient être liées ...


 






Excellente lecture, quel bon polar ! J'ai mis du temps à entreprendre cette lecture, peut-être parce que la couverture m'avait laissé un peu indifférente avec un titre plutôt barbare qui ne m'évoquait rien de palpitant, c'était un tort car j'ai adoré ce bouquin et pour tout vous dire, il me tarde déjà de retrouver ce commissaire atypique avec un charisme aussi déroutant que les paysages dans lequel il évolue .. . Je reviendrai la dessus plus tard.

Ce livre vous permettra tout d'abord de voyager dans un endroit vraiment particulier : la Mongolie, une région très peu connue finalement, et qu'il est rare de voir aussi bien décrite. Les actions se passent dans des lieux très différents, elle se déroulent principalement dans les banlieues d' Oulan-Bator, des bidonvilles peuplés d'une foule bigarrée, vivants dans des Yourtes ou des vieilles cabanes et plus loin en "campagne" dans des étendues arides et désertée. On ressentira tout au long de la lecture la pauvreté et la rusticité de cette région balayée par les éléments, et qui restent dominée par une culture ancestrale, imprégnée de multiples croyances. Mais derrière la pauvreté du paysage, il y a aussi sa beauté, édifiante, contrastée, forte et sans concession pour les autochtones. Une ambiance qui vous prend aux tripes !

Alors dans ce contexte, il est compréhensible de rencontrer des personnages aux caractères forts.  Fier d'être mongol, Yeruldelgger est un commissaire étonnant qui ne mâche pas ces mots, une force de la nature, capable de douceur comme de violence, et cette ambiguité le rend tout à fait attachant. J'ai accroché tout de suite. La galerie de personnages est excellente, un gros coup de coeur pour Gantulga et Oyun, un jeune gamin paumé et une policière courageuse et déterminée, ils vont rendre cette enquête passionnante, ils donnent du rythme à l'histoire et leurs facéties "périlleuses" apportent un piment fort et tendre, quelques notes d'humour aussi.

Les rebondissements de l'histoire nous ramènent aussi à la petite note politique. L'intrigue nous remémore les relations tendues entre la Chine et la Mongolie, deux ethnies qui se sont toujours affrontées et l'auteur qui semble bien connaître les tensions, règle ici quelques comptes en essayant de garder une certaine objectivité. J'ai appris des choses sur ce pays, sur leurs coutumes, leur façon d'être fiers et authentiques,  et j'aime la façon dont l'histoire est associée à la grande histoire dans ce récit. 

Il y a encore beaucoup de choses à dire, mais le plus simple est sans doute de vous y coller. Je vous recommande en tout point ce livre où les contrastes, en tout genre, s'affrontent et se répondent, il laisse plusieurs sentiments en tête, une certaine mélancolie pour ces peuples pauvres qui doivent se battre pour survivre dans des conditions politiques révoltantes, et une grande tendresse pour les héros de cette histoire. Il ne faudra pas oublier d'évoquer l'intrigue, haletante où des hommes charismatiques règlent leurs comptes, honneur, vengeance et trahisons au programme, et tout cela orchestrés avec une poigne de fer dans des décors grandioses ! A découvrir !

Petite cerise sur le gâteau, un excellent prologue de l'auteur qui nous explique ces premiers pas dans l'écriture !

Banlieue d'Oulan Bator