mercredi 30 avril 2014

Ames de Verres - Le Sidh Tome 1 - Anthelme Hauchecorne

Présentation de l'éditeur (Midgard) - Urban Fantasy

Ce livre vous attendait. Il était écrit que vous feriez sa connaissance. Car peut-être êtes-vous, à votre insu, un(e) Éveillé(e). Auquel cas, vous êtes en grand danger. Les rues de cette ville ne sont pas sûres. Pour vous, moins que pour tout autre. 
Car les Streums rôdent, à l’affût d’une âme à briser. Je ne vous mentirai pas : vos options ne sont pas légion. Votre meilleure chance de survie git selon toute probabilité entre ces pages. 
Qui sont les Streums, demanderez-vous ? Pourquoi convoitent-ils les fragments du Requiem du Dehors ? Quel avantage espèrent-ils retirer de cette partition funeste? 
Si vous ignorez les réponses à ces questions, vous vous trouvez alors face à un choix. Pour lequel il est de mon devoir de vous aiguiller… 

Souhaitez-vous rejoindre la Vigie, risquer votre vie et sans doute plus encore, dans une lutte désespérée pour déjouer les intrigues du Sidh ? 

…Ou bien demeurer parmi le troupeau des Dormeurs, à jamais ?  Pareille aventure ne se présente qu’une fois. Sachez la saisir.            Enki, enquêteur et logicien de la Vigie.

 J'entends ce nom pour la première fois chez Bookenstock que je remercie d'ailleurs, ainsi que les éditions Midgard - Lokomodo-lib pour ce partenariat.  Il aura suffit d'une chronique des filles plus que flatteuse, puis du nom de l'auteur pour contribuer à m'intriguer, est-il jeune ou vieux ? un nom plein de résonance et d'histoire qui interroge ! 
Ce roman est classé en "Urban fantasy", je ne suis pas une habituée de ce genre, il se trouve donc que je m'initie à cette ambiance, avec un livre qui est assez original dans son concept pour maintenir mon esprit "éveillé"... vous comprendrez plus loin l'évocation de ce terme ...

L'écriture est un des éléments qui m'a conquise, une pointe fine et précise qui acidule avec aisance, une poésie parfois tranchante qui surprend, la contradiction de ses termes témoignent de l'atmosphère déroutante du livre. L'imagination est stimulée par de belles tournures, même si bien souvent, il s'y passe d'horribles choses, car le lecteur est balloté entre les toilettes et les hauts-le-coeur, j'exagère un peu mais parfois, c'est bien glauque, alors âmes trop sensibles s'abstenir ...

Ce qui m' amène à vous parler du lieu et de l'univers de cette histoire.... L'auteur, qui puise avec délice dans son imagination, nous réinvente la ville de Lille, au nord de la France, quoi de plus banal en somme (ha ha ha ! la somme ...le Nord ... bon d'accord, passons) ... Oui, mais une ville où Anthelme Hauchecorne, campe son univers hors du commun à connotation celtique et assez barbare !
J'avoue que ce petit monde m'a vraiment dérouté au début, mais quand on a compris que pour mettre un terme aux invasions agressives des "Streums", (créatures monstrueuses venues de l'autre monde) une organisation s'est mise en place : La vigie, tout est gagné. Il ne reste plus qu' à connaître la hiérarchie rigide de cette association, avec les éveillés et les dormeurs, deux groupes aux fonctions assez simplifiées, telles que agir ou penser .... Tout cela régit par le Codex Metropolis, manuel de règle et de survie écrits pas les piliers, (créateurs de la "fameuse" vigie), on va retrouver tout au long de ce livre, des extraits de ce code qui vont entrecouper les histoires de nos deux "héros", camille et Vincent...

Ce qui m'amène à vous parler des personnages... Mises à part des créatures abjectes, qui viendront perturber le cours de l'intrigue, mais je vous laisse les découvrir, le panel est assez incroyable ! Il y a nos deux personnages fil rouge, Camille et Vincent, l'une est une recrue qui veut devenir chasseuse, et l'autre un professeur en quête d'aventure...des âmes sombres qui n'ont pas été gâté par la vie. Camille m'a plus touchée que Vincent auquel je n'ai pas réussi à m'attacher. On les retrouve chacun leur tour grâce à des chapitres courts qui s'intercalent et qui pourraient ressembler à une succession de petites nouvelles avec des points de vue différents. Des petites nouvelles qui portent souvent un message, c'est aussi un peu le regard que porte l'auteur sur notre société, pas jolie...pas jolie... d'ailleurs. Ah oui, je n'ai pas encore parler de l'enquête - fil rouge de l'histoire - qui consiste, pour nos deux anti-héros, à découvrir le meurtrier machiavélique qui sévit dans leur secteur et qui pulvérise ses victimes en sable sanglant... brrrr ! mais là, il va falloir lire ce roman pour le savoir, car je n'en dirai pas plus....

En conclusion, un concept original avec des histoires qui m'ont fait un peu frémir, j'ai senti beaucoup de violence et l'atmosphère générale même si elle m'a intrigué, m'a laissé plutôt un gout de malaise que de" reviens-y" ! Je pense que c'est assez déroutant et il faut que chacun puisse se faire une opinion en essayant cette lecture. Je n'ai pas été complètement emballé par le fond, mais j'ai beaucoup apprécié la forme, d'une part, l'écriture de l'auteur et d'autre part, le soin qu'il a porté à la présentation de son livre : codex sous forme de parchemin, apport d'illustrations et fils barbelés qui sillonnent chaque haut de page. La couverture est également très belle, il faut le souligner.

Ce jeune auteur a un potentiel imaginatif assez incroyable !
 On a l'impression d'être au beau milieu d'un jeu de rôle dont on peut être le héros !
 A découvrir !


La harpe osseuse - illustration P.Quidault
Le requiem du dehors - illustration P.Quidault
Le guerrier onyx - illustration P.Quidault
L'Ophiure en scaphandre - illustration P.Quidault

samedi 26 avril 2014

Les mains de Dieu - Ludovic Rosmorduc

Présentation de l'éditeur (j'ai lu) - Roman Historique

"Onzième jour du mois de novembre de l’an 1215. Un jour terne se levait sur Rome, capitale de la Chrétienté. Tous les ecclésiastiques piétinant sur le parvis attendaient cela depuis plus de deux ans. Depuis le 19 avril 1213, date à laquelle le pape Innocent III les avait convoqués au quatrième concile du Latran. Les yeux rivés sur le portail, aucun des religieux ne remarqua les ombres furtives qui, à la dérobée, s’échappèrent du saint édifice par l’une des portes du transept." À l’heure où la croisade contre les Albigeois fait rage, Théodore d’Havricourt, vieil érudit passionné, et la jeune Jehanne sont accusés à tort et doivent fuir Carcassonne pour sauver leurs vies. Pourtant, les chevaliers de Simon de Montfort, le chef des croisés, ne sont pas leurs plus farouches poursuivants. De mystérieux dominicains semblent résolus à s’emparer d’un étrange livre en leur possession… Et les Mains de Dieu sont prêtes à tout pour arriver à leur fin.

Gagné lors d'un concours sur BookenStock qui mettait à l'honneur l'auteur Ludovic Rosmorduc, je me suis plongée dans cette lecture avec beaucoup d'intérêt. 

D'une part, parce que j'avais apprécié ma première lecture "Le tertre des âmes", une fantasy jeunesse assez édulcorée, mais qui laissait présager une bonne suite. Il est certain que l'auteur a gagné en maturité dans ce nouveau roman, et j'apprécie toujours son écriture très fine et précise, une précision qui ne laisse pas beaucoup de place à l'improvisation, mais qui permet aussi de se plonger rapidement dans l'intrigue, en y restant bien cadré. 

Ce que j'ai vraiment aimé par dessus tout c'est l'intérêt de l'auteur pour l'époque, on sent une recherche poussée et souhaitée pour donner corps et matière à son récit. Parfaitement orchestrés, ces détails et anecdotes s'intègrent parfaitement dans le récit sans le rendre ennuyeux, et j'ai appris ou revu des tas de choses … De même, que certains mots ou tournures de phrases à la mode médiévale m'ont ravis l'esprit et les oreilles (j'ai même retrouvé certaines réparties présentes dans la pièce de théâtre "la Farce de Dame Bertille", écrite par ma moitié et que nous avons joué en mars !)

Les personnages sont assez caricaturés dans leur choix, le chevalier, la jeune femme et le viel érudit versé dans l'étude de la religion, une trilogie qui nous rappelle "un peu" les 3 ordres fondamentaux de l'époque du moyen-âge. Chacun est accaparé par ses plaisirs : Les livres pour l'un, le plaisir de butiner pour la jeune femme qui a un vrai coeur d'artichaut, et notre chevalier qui aime le combat et qui d'ailleurs nous quitte un peu précipitamment… D'autres personnages comme le frère cellérier ou encore Brunehaut vont attirer notre attention, mais je n'ai pas senti d'attachement particulier pour l'un ou l'autre, ils sont assez froids, mais jouent bien leur rôle…si je peux dire, c'est une époque où les temps sont durs et qui ne laissent pas toujours place à la sensibilité. C'est encore bien vu de la part de l'auteur. 

Un seul regret tout de même, c'est la facilité dans l'enchaînement des événements, c'est vrai qu'il y a un petit coté "téléphoné" que j'avais déjà senti dans le tertre des âmes et que je retrouve ici à plus grande échelle, on a la sensation que l'auteur a voulu coller à l'histoire, en ne dérogera pas à son plan. Ce cadrage un peu forcé atténue le souffle épique de l'histoire, mais n'enlève rien au charme de l'aventure de nos compères.


Toutes les religions sont abordées en demi-teinte, aucun parti pris, et c'est judicieux. Les quelques éléments révélés sur les coutumes cathares m'ont rappelés mes cours d'histoire à la fac, il se peut que cela donne envie au néophyte d'en savoir plus, car l'auteur ne nous en dévoile pas trop, juste de quoi  susciter notre intérêt, en nous donnant l'envie à notre tour de chercher des informations.

Un très bon moment de lecture, cet auteur a gagné en maturité et j'aimerai qu'il se détache un peu plus de son plan d'action pour vivre "plus" pleinement et sereinement ses histoires ... Je reste touchée par la sympathie et l'écriture de ce "Monsieur", qu'il faut compter maintenant dans le paysage français de la littérature, et dans ma bibliothèque en tout premier lieu. A bon entendeur salut !

J'en profite également pour vous dire qu'on voyage dans ce roman, et dans une très belle région de France : Le "languedoc Roussillon", l'Aude y accueille les châteaux cathares et la magnifique cité de Carcassonne... A découvrir absolument pour la beauté de ces pierres et de son histoire ... 


Carcassonne

Peyrepertuse


Et la GROSSE surprise avec 

une interview de Ludovic Rosmorduc  




Merci à Choco d'avoir été l'instigatrice de cette rencontre, 
elle m'a convié à partager cette aventure et j'en suis enchantée, 
Merci également à Ludovic se s'être prêté si aimablement à ce"jeu". 
Sa présence tout au long de notre lecture a apporté 
un éclairage particulier et sympathique à nos chroniques.



Questions de Choco & réponses de Ludovic


comme vous me l'avez gentiment proposé, je viens vers vous afin de vous poser quelques questions sur la construction de votre récit. Bien entendu ne vous génez pas pour réorienter le propos si vous en ressentez le besoin.

 J'ai tout d'abord été interpelée par le lieu, que je connais bien comme je vous l'ai dit. Les environs de Carcassonne et l'histoire de ce lieu vous interpellent-ils ou bien cherchiez-vous simplement un cadre pour votre récit ?

On va dire qu’il y a un peu des deux !

J’avais envie de m’essayer à un roman adulte sur fond historique, pour changer un peu de mes précédents romans, orientés fantasy jeunesse. Cependant, au départ je n’avais pas d’idées précises sur le lieu dans lequel se déroulerait l’action. Une seule chose était sûre, cela se passerait au XIIe ou XIIIe siècle. Cette période de l’histoire m’a toujours fasciné, aussi bien par le peu que j’en connais (je en suis en aucun cas historien et mes connaissances sont donc plus que lacunaires), que par sa propension à nourrir mon imaginaire. En cela je rejoins totalement Carole Martinez qui, dans son roman « Du domaine des murmures » faisait dire à son héroïne du XIIe siècle à peu près ceci : Tu ne peux pas te rendre compte, lecteur, combien notre époque est perméable au merveilleux. C’est exactement ce que j’ai toujours ressenti. Pour moi le merveilleux ça n’est pas ailleurs dans l’espace mais ailleurs dans le temps. Dans notre propre passé. Les hommes et les femmes du douzième siècle croyaient au merveilleux, il faisait intégrante de leur vie et, de ce fait, existait réellement.

Pour revenir à la question, l’idée du lieu où se déroulerait l’action m’est venue plus tard, tandis que je mûrissais le projet. Enfant, j’avais passé plusieurs fois des vacances dans la région, les balades dans Carcassonne et, bien sûr, dans certaines forteresses cathares environnantes, m’avaient comme tant d’autres, captivé. Les histoires racontées durant les visites guidées m’avaient marqué, et je me plaisais même déjà à m’en inventer d’autres une fois revenu de ses visites. J’ai donc bien vite compris que je tenais là l’arrière plan naturel pour planter le cadre du roman que je voulais construire. Il me ne restait donc plus qu’à lire des ouvrages sur cette période de l’histoire pour me rafraîchir la mémoire, me mettre dans l’ambiance et… me lancer !

 L'histoire des Cathares fascine en général , néanmoins une part de mystère plane sur cette communauté sur laquelle on a beaucoup écrit. Quelles lectures ou rencontres ont orienté vos recherches et votre récit ? J'ai retrouvé dans votre texte la même part d'inconnu dans la mesure où vous n'entrez pas dans le détail de la vie des albigeois, du choix de leur religion, est-ce voulu ? 

Plusieurs questions en une !

Comme je le disais plus haut, ce sont les visites effectuées enfant, durant mes vacances, qui m’ont poussé à choisir de planter mon récit dans le Languedoc pendant la période de croisade contre les albigeois. Ensuite, comme vous le dites, beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le sujet. Je n’ai donc eu aucune peine à me documenter. Je suis simplement allé en librairie acheter quelques ouvrages. En fin de roman j’ai listé ceux qui m’ont servis. On y retrouve notamment Michel Roquebert et Anne Brenon, des spécialistes de cette période.

Pour répondre à la deuxième partie de la question, je ne suis pas entré il est vrai dans les détails concernant la vie des albigeois. Comme je l’indique en préambule du roman, je ne suis pas historien ni médiéviste, je n’avais donc ni les compétences, ni l’envie d’ailleurs, d’écrire un roman purement historique. Je voulais plus modestement écrire un roman d’aventures mais sur un fond historique réel afin de lui donner plus de crédibilité.

Il m’est souvent arrivé de lire des romans d’aventures historique et, parfois, j’ai trouvé le côté historique un peu trop approfondi, un peu trop professoral surtout que cela ne servait pas forcément le récit. Je voulais éviter cela. J’ai donc simplement essayé de trouver le bon dosage entre actions et informations. Un lecteur ne connaissant ni les lieux ni la période trouvera peut-être mon roman riche en éléments historiques, tandis qu’un connaisseur, comme vous l’êtes, trouvera cela plus « survolé ». L’équilibre n’est pas aisé à trouver.

Pour résumer, et comme je le dis en tout début de roman, je me suis documenté pour rendre le background le plus crédible possible, j’ai fait au mieux pour que les éléments historiques s’insèrent de façon naturelle, qu’ils aient un lien direct avec l’action, mais mon but premier était de distraire le lecteur avec une histoire et des personnages fictifs, non de l’instruire. Maintenant, si certains apprennent des choses et que cela leur donne envie d’approfondir le sujet en lisant des livres de spécialistes, tant mieux !

Comment sont nés vos personnages ? Jehanne, femme forte et fragile à la fois, Theodore, physiquement démuni mais mu par une quête qui le transcende... 

En me lançant je n’avais pas d’idée précise sur les personnages. J’avais le cadre historique, et aussi, depuis déjà longtemps, l’idée du « trésor » après lequel courent nos héros.

Dans mes romans jeunesse je mettais davantage l’accent sur l’histoire, l’action, le suspens, que sur les personnages. Je voulais, cette fois-ci, mieux équilibrer l’ensemble. L’idée qu’un des personnages principaux soit âgé, au terme de sa vie, était cependant naturelle. Je l’avais survolée dans deux de mes romans, sans m’appesantir étant donné le public visé. En me lançant dans un récit adulte j’avais l’occasion d’approfondir davantage. D’autant plus que cela faisait écho à la quête dans laquelle les héros allaient se lancer, mais je n’en dit pas plus pour ne pas spoiler !

Le personnage de Théodore s’est donc peu à peu précisé dans mon esprit et j’ai vite vu qu’il me permettrait des digressions, des réflexions sur la vie, la mort… Bref, je pressentais que j’aurai matière à créer un personnage riche et fort. En en faisant également un grand amateur de livres, là encore pour faire le lien avec l’objet de la quête, l’idée m’est venu qu’il soit érudit et athée.

Pour prendre le contre-pied, je me suis dit que le second personnage principal serait tout le contraire, quelqu’un de jeune, de sexe féminin, croyante. Comme le roman s’inscrivait dans la période de croisades contre les albigeois, quoi de mieux que d’en faire une albigeoise ! L’idée m’est alors venue d’une jeune femme tout d’abord fragile, née dans un monde trop dur pour elle, et qui, peu à peu, va comprendre que le seul moyen de survivre est de se montrer dure à son tour. Inexpérimentée de tout sauf du malheur au début de roman, elle va ensuite découvrir de façon accélérée en raison des événements qui se précipitent, l’amitié, le désir, l’amour… bref, la vie quoi !

Ainsi Jehanne et Théodore étaient nés dans ma tête, restait à les faire naître sur le papier et à les entourer de mystérieux dominicains !


L'incipit de votre récit semble orienter le lecteur sur la piste d'un récit fantastique ( les ombres qui s'échappent de l'église) que l'on ne retrouve pas par la suite. Avez-vous été tenté, à un moment, de mêler les genres ? 

Je ne voulais pas orienter le lecteur sur la piste du fantastique dans ce prologue. Les ombres qui s’échappent de la basilique n’étaient dans mon esprit que des silhouettes encapuchonnées. Je voulais créer le mystère, pas le fantastique.

Mea culpa !

En fait ce prologue était là pour mettre le lecteur dans l’ambiance tant du point de vue historique avec le concile du Latran et ses conséquences, notamment la volonté réaffirmée de l’Église mettre fin aux hérésies, que du point de vue de l’intrigue avec donc ces mystérieux personnages s’échappant de la basilique au moment précis où débute le concile.

Cela étant, en cours de récit, je me suis effectivement permis une petite incursion dans le fantastique, ou au moins l’ésotérique, avec le frère Norbert, un dominicain doté de quelques pouvoirs occultes

Mais je confirme cependant que l’idée était vraiment d’écrire un roman plausible, sans fantastique, mais propice au rêve et au merveilleux, comme l’est, je trouve, cette époque.

Les données historiques sont bien présentes dans votre écrit et parfaitement intégrées au texte, à l'intrigue. Il est toujours difficile de ne pas couper l'élan de l'histoire lorsqu'on rapporte des faits historiques. Comment avez-vous travaillé cet aspect de votre roman ? 

Merci pour ce joli compliment qui me touche vraiment d’autant que c’est exactement ce que j’ai essayé de faire. Cela rejoint un peu ce que j’évoquais en question 3. J’ai lu bon nombre de romans d’aventures historiques et, dans certains, j’ai ressenti exactement ce que vous dites. Des passages historiques, intéressants bien sûr, mais alourdissant l’ensemble car trop peu connectés au récit, à l’action, à ce que vivent les héros. J’ai donc toujours essayé de garder à l’esprit que si je distillais des informations historiques ces dernières devaient absolument avoir un rapport direct avec l’histoire. Voilà pourquoi je ne suis pas entré dans les détails (ce qui a pu vous laisser sur votre faim, vous qui connaissez bien le sujet), pour m’en tenir à des événements qui influaient ou expliquaient ce que vivaient les héros.

Pour cela, en amont du travail d’écriture, j’ai lu plusieurs ouvrages, pris des notes, afin que les références historiques me viennent naturellement à l’esprit en même temps que se construisait l’intrigue du roman. Il est même arrivé, une ou deux fois, qu’un de ces événements historiques me donne une idée, oriente le récit dans une direction que je n’aurai peut-être pas envisagée.

Bref, j’ai essayé de faire en sorte que, dans mon esprit, les faits réels et ceux inventés se combinent, afin que sur le papier tout semble "couler de source".

On a beaucoup glosé sur le trésor des cathares. D'ou vous est venue l'idée d'en faire... ce que vous en avez fait ?

Merci d’éluder pour ne pas "spoiler".

Comme pour les Templiers ou les Hospitaliers, on a en effet beaucoup parlé d’un « trésor Cathare ». Mythe ou réalité ?

Peu importe à mon avis.

Je crois que nous avons tous besoin de rêver, de nous inventer des histoires, des quêtes merveilleuses, comme si, quelque part, dormait encore en nous l’enfant que nous étions. Enfin en ce qui me concerne, c’est le cas. Donc l’idée du supposé trésor des Cathares me semblait à intégrer dans l’intrigue. Je voulais cependant en faire un trésor vraiment énorme et singulier. Je voulais qu’il soit au-delà de ce que nos héros, et j’espère le lecteur, pourrait imaginer. Je voulais également qu’il soit propice à réflexion, sur la mort, la vie et le sens à y donner. Cela collait parfaitement avec une idée que j’avais en tête depuis déjà longtemps, mais pour laquelle je ne me sentais pas encore prêt à intégrer dans un récit.

Difficile de s’étendre davantage sans révéler la nature de ce trésor et gâcher la lecture de ceux qui liront cette interview sans connaître le roman.

La fin ouverte laisse-t-elle supposer de nouvelles aventures pour Jehanne ? 

Jusqu’à présent je n’ai écrit que des "one shot" comme ont dit. Deux raisons à cela. La première est que mes histoires s’y prêtaient bien, la seconde, plus terre à terre, est que signer un contrat d’édition n’est pas chose facile. Tant que l’on pas fait ses preuves en tant qu’auteur, j’entends par là tant que l’on a pas à son actif un bouquin qui s’est bien vendu, il est plus difficile de convaincre un éditeur de signer pour une série que pour un "one shot". En effet, un éditeur sera plus réticent à s’engager sur plusieurs volumes que sur un seul avec un auteur dont il ne sait pas si le premier volume marchera. Voilà pourquoi, sur mes précédents romans comme sur celui-ci, il n’y a pas de suite.

Bien, sûr, il serait tout à fait possible d’en envisager une, cela n’est toutefois pas d’actualité pour l’instant. Mais sait-on jamais, si d’aventures ce roman est amené à rencontrer un peu de succès, peut-être cela sera-t-il à reconsidérer ?

Merci Nathalie de m’avoir proposé ce petit jeu de l’interview, je trouve qu’il est toujours très agréable de pouvoir échanger ainsi avec le lecteur et de connaître son ressenti, ses questionnements... J’espère en retour, avoir répondu à vos interrogations !

Evidemment j'ai encore des dizaines de questions mais je m'arrête là ! merci de votre disponibilité et encore bravo pour ce roman.


Question de Licorne & réponses de Ludovic


Pour faire résonance aux excellentes questions de Choco concernant le livre en lui-même, j'aimerai maintenant en connaître davantage sur vous… 

j'ai cru voir un peu de vous dans le frère comptable, cellérier de son état …n'êtes-vous pas dans les chiffres vous-même ? 

Alors la réponse est dans l’ordre non et oui !

Oui je suis dans les chiffres, mais statisticien, non comptable, deux disciplines pour moi assez différentes. J’ai une formation en mathématique théorique, et suis venu aux statistiques en toute fin de parcours universitaire, car cela m’ouvrait plus de débouchés. Je ne me suis donc pas identifié au frère cellérier, ni pour ce qui est de sa fonction de religieux ni pour sa fonction de comptable. Je me sens bien plus proche de Théodore, non pas que je lui ressemble, plutôt parce que, plus jeune, j’aurai aimé être, comme lui, un grand esprit scientifique en avance sur son temps !

De même que votre récit est très "carré", on sent à travers votre écriture, la précision et le suivi d'un récit piloté selon un plan bien précis. Est-ce le cas ? comment procédez vous pour écrire de manière générale  et quelles sont vos petites manies d'écrivain ? 

Alors je vais me montrer contrariant, mais en fait je n’élabore jamais de plan avant de me lancer dans une histoire ! Au départ, ce qui me pousse à écrire, c’est une idée, une ambiance. En l’occurrence pour ce roman-ci, c’était l’envie de m’essayer à un roman d’aventures historique, car je n’avais jusque là expérimenté que le « fantasy jeunesse ». J’écris donc en me laissant guider par l’inspiration, qui vient au fur et à mesure que les mots s’assemblent, m’entraînant sûrement dans des directions différentes que celles empruntées si j’avais élaboré un synopsis en amont. Je ne fais pas de plans pour deux raisons. D’une part pour moi l’écriture est un loisir, qui m’aide à me ressourcer au sortir d’une journée emplie de graphiques, tableaux et programmes informatiques. Avoir à rédiger une trame qu’il faudrait respecter par la suite me rebute, je me sentirais « prisonnier ». D’autre part, je crois que les idées me viennent plus naturellement si je ne les cherche pas. Cela me permet aussi de prendre davantage mon temps. Si je savais précisément quelle direction prendre, j’irai en ligne droite (sûrement mon côté cartésien pour le coup !) et cela ne conviendrait pas forcément au récit. Voilà pourquoi je fonctionne à l’instinct. Il faut admettre que mes romans s’y prêtent aussi, cette méthode ne fonctionnerait pas si je devais écrire un polar alambiqué !

Pour autant, même si je ne dresse pas de plan, je ne laisse pas l’inspiration tout diriger et essaie bien sûr de conserver une cohérence dans le récit. Peut-être est-ce d’ailleurs mon esprit plus cartésien qui me permet de fonctionner ainsi, je sais que certains auteurs, à l’inverse, ont besoin de faire un plan en amont, quelle que soit l’histoire dans laquelle ils se lancent.

J’ai assez peu de manies d’écrivains, mais elles sont cependant tout à fait indispensables ! D’abord je n’arrive à écrire que chez moi, bien installé à mon bureau. Si je ne suis pas dans mon petit cocon, ça ne va pas ! Il faut aussi une musique d’ambiance en fond sonore (musique médiévale, classique, en passant par Enya ou des musiques de jeux vidéos médiéval fantastique très réussies comme Oblivion ou Skyrim). La musique est-elle aussi indispensable, affronter une page blanche est difficile, je serai incapable de le faire dans un silence de mort ! Suivant l’heure à laquelle j’écris, je peux aussi accompagner les phrases d’un petit café ou d’un bon vieux whisky écossais !

J'aimerai savoir ce qui vous attire dans cette période moyenâgeuse. On retrouve ce même univers dans vos romans fantasy…. Continuerez vous dans ce style, ou un autre genre vous attire peut-être ?… 

J’ai découvert l’ambiance moyenâgeuse qui m’inspire vraiment, lorsque j’étais enfant. En même temps que je passais mes vacances d’été en Dordogne ou dans le Languedoc, régions riches en châteaux forts, en histoire, en rumeurs de batailles, j’ai découvert les jeux de rôles, les livres dont vous êtes le héros… Ainsi donc dans ma tête, la vraie Histoire et les histoires imaginaires se mélangeaient, mais toutes deux avaient pour cadre le moyen-âge. Cela m’est resté et voilà pourquoi j’ai fait mes premières armes en tant qu’écrivain avec pour toile de fond un monde médiéval. Dans les Mains de Dieu, j’ai voulu rendre cet arrière plan plus réel, en ancrant l’histoire dans notre monde, dans notre propre passé. Davantage donc que des auteurs, ce sont au départ des lieux et des jeux qui m’ont amenés à la fantasy, au médiéval. Aujourd’hui j’aime me plonger dans de gros romans d’aventures historiques parmi lesquels je citerai notamment Les piliers de la terre et la cathédrale de la mer.

J’ai effectivement un projet en cours, toujours dans le même univers, mais ne sachant pas si je viendrai au bout, ni s’il trouvera preneur je n’en parle pas davantage.

Sinon j’ai trois autres romans terminés, dans des genres assez différents.

Tout d’abord un roman jeunesse tournant autour du thème des pirates, des chasses au trésor, qui a aussi bercé mon enfance. Ce roman devrait voir le jour en octobre/novembre prochain aux éditions du Riez.

J’ai également terminé un roman destiné aux plus jeunes (10-12 ans) mais qui pourrait aussi bien plaire aux adultes, intitulé Victor. Ce court roman raconte l’histoire de Victor donc, un jeune garçon un peu fâché avec l’école et qui va croiser la route d’une petite fille handicapée. Une rencontre qui va changer la vie de ces deux héros. Il est encore un tout petit peu tôt pour révéler quand, et chez qui sortira ce roman.

Enfin, dernier roman achevé et encore en soumission chez différents éditeurs, intitulé pour l’instant « Une dernière valse ». Ce roman raconte l’histoire d’un vieil homme de 99 ans, vivant seul depuis la mort de sa femme, et dont la plus grande peur est de devoir finir ses jours en maison de retraite. Une jeune femme va soudain faire irruption dans sa vie, bousculer ses habitudes, ébranler ses certitudes. Au crépuscule de sa vie, le vieil homme va découvrir qu’il n’est jamais trop tard pour faire des rencontres, trouver l’amitié, peut-être même l’amour. Bref, il va s’apercevoir qu’il n’est jamais trop tard pour vivre !

Voilà donc des projets différents, mais qui ne vont sûrement pas m’empêcher de revenir prochainement à mes « premières amours » que sont les aventures moyenâgeuses et épiques !

Merci d’abord de m’avoir lu, et ensuite d’avoir voulu en savoir un peu plus par l’intermédiaire de ce petit questionnaire.

Un grand merci Ludovic !  
Un auteur à découvrir !

jeudi 24 avril 2014

Puzzle - Franck Thilliez

Présentation de l'éditeur (fleuve noir) - Thriller

Et si on vous demandait de mourir… dans un jeu ?
Ilan et Chloé, deux jeunes gens spécialistes des chasses au trésor ont rêvé des années durant de participer à la partie ultime, d’un jeu mystérieux dont on ne connaît pas les règles, dont on ne connaît pas l’entrée, et dont on ne sait même pas s’il existe. Mais dont on connaît le nom : Paranoïa.
...
Quand les joueurs découvrent le premier cadavre, quand Illan retrouve dans le jeu des informations liées à la disparition de ses parents, la distinction entre le jeu et la réalité est de plus en plus difficile à faire… Et Paranoia peut alors réellement commencer…

Gagné chez BookenStock que je remercie ici encore pour cette opportunité de lecture, je découvre avec intérêt cette nouvelle aventure de Thilliez.  Au passage, un bonjour et un merci à Zina car ce livre a transité par ces montagnes avant de revenir au bord de la mer chez moi ...

Dans ce roman, il se révéle un spécialiste du jeu de rôle grandeur nature dans toute son horreur, maitrisant l'espace temps et la confusion des sentiments comme personne. Déjà habitué avec L'anneau de Moebius, que j'avais aimé, je retrouve ici, les mêmes engrenages déroutants et absolument fascinants pour le lecteur qui comme moi, s'évertue à essayer de démêler le vrai du faux… 

Après un début sur les chapeaux de roues, où on nous dévoile un véritable carnage en haute montagne, l'auteur va ensuite nous ramener dans la dimension du "pseudo" tueur pour nous faire comprendre comment il en est arrivé là. 
En effet, je parle de pseudo car cet homme Lucas Chardon a été retrouvé souillé de sang sur le lieu du massacre sans savoir ce qu'il y faisait, hébété et n'ayant aucun souvenir de cette nuit… Est ce lui ou non ? Là est toute la question…
Les révélations vont se faire sous forme d'entretien avec un psychiatre. Et inutile de vous dire que nous sommes entrainés dans une histoire incroyable ou l'on retrouve les participants d'un jeu "PARANOIA" (il porte bien son nom) qui nous plonge dans la folie profonde d'un homme enclin à faire errer ses participants dans un dédale de perversion et de doutes constants. Mais je n'en dirais pas plus … J'en ai déjà trop dit ! 

Une écriture toujours aussi agréable. Beaucoup de dialogues qui rendent très vivants les rapports entre les personnages, ceux-là même qui se retrouvent confinés dans un huis-clos machiavélique. L'auteur déclenche par ses expérimentations virtuelles, nos peurs les plus profondes, et nous met en situation de "souris de laboratoires" comme ses acteurs, dans un lieu aussi morbide que peut l'être un hôpital désaffecté … Tiens, en replantant le décor, j'en frissonne encore, les descriptions de ces couloirs froids et sombres sont parfaitement rendues … Jamais de temps mort non plus, car l'auteur ajoute au fur et à mesure des rebondissements qui font avancer rapidement l'histoire.
Un vrai puzzle plutôt catégorie "casse-tête" que le lecteur va découvrir en se laissant porter par les manigances de chaque joueur, et j'avoue qu'il y a un petit Côté "Shutter Island" (Dennis Lehanne) qui m'a beaucoup plu… 

Encore une belle révélation et un excellent titre de cet auteur à l'esprit tortueux sans aucun doute. Il nous ferait presque douter de la vérité, en nous laissant croire que nous pourrions être les victimes d'un éternel complot … A vous de voir !


jeudi 17 avril 2014

Les naufragés de l'île Tromelin - Irène Frain

Présentation de l'éditeur (Michel Lafon) - Histoire, Histoires de vies

Un minuscule bloc perdu dans l'océan Indien. Cerné par les déferlantes, harcelé par les ouragans. C'est là qu'échouent, en 1761, les rescapés du naufrage de L'Utile, un navire français qui transportait une cargaison clandestine d'esclaves. 
Les Blancs de l'équipage et les Noirs de la cale vont devoir cohabiter, trouver de l'eau, de la nourriture, de quoi faire un feu, survivre. Ensemble, ils construisent un bateau pour s'enfuir. Faute de place, on n'embarque pas les esclaves, mais on jure solennellement de revenir les chercher. Quinze ans plus tard, on retrouvera huit survivants : sept femmes et un bébé. Que s'est-il passé sur l'île ? À quel point cette histoire a-t-elle ébranlé les consciences ? Ému et révolté par ce drame, Condorcet entreprendra son combat pour l'abolition de l'esclavage.

Très enthousiasmée par l'avis de Belle et de son choix, je me suis dit que j'allais découvrir un fort "beau" moment d'histoire, nouveau pour moi et plein d'émotions à en juger par le sujet bien explicite en quatrième de couverture.

Et ce fut le cas, l'histoire ne manque pas d'intérêt et c'est un événement qui mérite sa place et toute notre attention dans l'histoire avec un grand H, façon tragique de se remémorer les grand travers de l'humanité.


Il est difficile de qualifier le genre de ce roman, il tient plutôt du documentaire parfaitement maitrisé avec un travail de recherche complet et qui a semblé passionner les protagonistes. Je conçois que les témoignages de l'époque sont maigres, que les écrits du chirurgien de bord et de l'écrivain, ainsi que les recherches archéologiques sont les seuls apports fiables, et qu'il a fallu reconstituer toutes ces années avec peu de chose, c'est donc une belle gageure réussie par l'auteur.... Mais je regrette que le ton et la "raideur" de l'écriture n'est pas suscité chez moi, l'émotion attendue par ce type de récit. En effet, le timbre de l'auteur reste très monotone, et il a manqué un souffle de romanesque, des dialogues plus éloquents, plus percutants, un peu de suspens pour que l'on s'attache aux personnages et à leur souffrance, les analyses et le récit conforme sont un peu trop académiques et engluent finalement l'aventure en altérant l'imagination… C'est le seul point d'ombre sur ce livre.

A côté de cela, l'histoire de ce vaisseau "l'Utile", (on peut dire qu'il porte bien son nom celui-ci) est beaucoup "plus" qu'anecdotique, car ce passage ouvre la voie plus tard vers l'abolition de l'esclavagisme. 
Ayant fait naufrage au large de Madagascar, l'équipage français et sa cargaison illégale et incongrue, (soit 160 esclaves), se voient livrés aux éléments : la mer, le vent et la terre très hostile sur laquelle ils viennent d'échouer. Après avoir compris qu'ils ne pourraient tous s'en sortir qu'en travaillant ensembles, les deux communautés noires et blanches se découvrent de nouveaux rapports dans l'épreuve de reconstruction du nouveau bateau " La Prame", construit sur les ruines de l'ancien. Ils vont mettre en commun leur capacité et leurs bras pour fuir au plus vite cette île inhospitalière, dans tous les sens du terme. D'ailleurs, je vous conseille après la lecture de visionner le site internet du livre, les quelques photos prises de l'endroit, rendent le témoignage encore plus édifiant.

L'île Tromelin, baptisée ainsi en l'honneur du chevalier qui retrouva les 8 survivants, reste un endroit atypique et sûrement gravé de l'empreinte de tous ses hommes qui y moururent et manquèrent de tout. Il aura fallu attendre 15 années pour mettre fin à leur calvaire, on notera les remords de ses marins qui avaient promis de revenir les chercher dès que possible, mais les lenteurs administratives et humaines ne datent pas d'aujourd'hui, et elles ont aidé à camoufler un peu plus longtemps ce secret, qui aura vite tourné au cauchemar.... 


Alors malgré le manque d'envolée romanesque et de souffle épique, 
ce livre est un témoignage incontournable de l'horreur liée au manque d'humanité, 
il est important de ne pas oublier !  
Merci Belle de m'avoir fait partager cette leçon d'histoire !


mardi 15 avril 2014

Un salon grandissant qui gagne de plus en plus à être connu et visité en Vendée !

Une très belle journée au salon du livre de Montaigu où j'ai retrouvé Mypianocanta, Simi et Mo que je connaissais pas. Deux charmantes blogueuses ! Nous avons parcouru les stands de nos auteurs fétiches ensembles, et bien bavardé pendant le pique-nique en terrasse.. 

Voilà, les cinq ouvrages dédicacés que j'ai acheté… Charmés par la sympathie d'Oliver Peru et de Patrick McSpare, par la frimousse souriante et très colorée de Miss Caldera. J'ai pu saluer aussi Mister Gabriel Katz qui m'a reconnu depuis mon passage aux Utopiales, (j'étais flattée !!!! ) et Mr Minier, assez froid au premier abord, il parle très bien de son héros !

Une Journée marquée par de bons moment de fantasy ! 

Nous nous retrouverons aux Imajineres d'Angers avec My, car il me faudra saluer Mr Geha et d'autres … Rendez vous est pris ! 

Voila mes achats et mes dédicaces !


Patrick McSpare

Bernard Minier
Oliver Peru 

Georgia Caldera
Une belle moisson très raisonnable pour une journée coup de coeur  !

jeudi 10 avril 2014

Le tertre des âmes - Ludovic Rosmorduc

Présentation de l'éditeur (baam ! ) Fantasy - Jeunesse

La licorne, animal emblématique de Sétiladom, vient d'être assassinée, et le coupable semble tout désigné : Héribold, le chef de garde. Mais les apparences sont parfois trompeuses et seul le banni d'hier pourra devenir le sauveur de demain. Héribold aura tôt fait de réunir un étrange alchimiste, un arbalétrier redoutable et un imposant guerrier pour une quête incertaine et aveugle : traverser mers et banquises afin de ramener une nouvelle licorne à Sétiladom. Faute de quoi, les Enfers se déchaîneront.

J'ai promis à l'auteur de garder en mémoire que ce livre était son premier roman, et de plus dédié à la jeunesse, alors je l'ai fait consciencieusement, et je dois dire que toute "adulte" que je suis, cela ne m'a pas empêché de l'apprécier à sa juste valeur, même si effectivement il convient plus à un néophyte qui voudrait se frotter au genre. C'est un livre court qui vous permet de rentrer très vite dans l'histoire, et à aucun moment, je ne me suis ennuyée, il se lit assez vite et même si j'ai lambiné en raison d'autres circonstances, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre ces héros touchants qui font leur premier pas dans l'aventure, tout comme notre écrivain !

Une écriture travaillée qui tient compte de la période, beaucoup de termes et de tournures moyenâgeuses, mais cela reste très fluide avec de bonnes accélérations. Le seul reproche que je ferai, c'est qu'il est trop court… Et oui, l'auteur ne rentre pas assez dans les actions, on passe de la réflexion à la solution très rapidement sans vraiment aborder toutes les questions, la rapidité des événements sabrent un peu toute la réflexion et les descriptions qui auraient étoffer l'action, et donner à ce roman une dimension lus grandiose. Ce manque de développement plaira peut-être plus à une jeunesse impatiente de connaître l'issue de l'histoire. 

Le prétexte de l'histoire est assez classique, mais l'avancement dans l'aventure est bien menée, pour arriver enfin au "Tertre des âmes", qui est, est une belle création très imagée, et qui peut donner lieu à une suite intéressante, mais là aussi, on passe un peu vite et j'aurai vraiment aimé en savoir plus… 

Les personnages attirent vite la sympathie, mais comme pour le reste, on survole trop leurs caractères pour s'y attacher vraiment, l'insouciance de la jeune Sixéla pourrait nous énerver, mais après tout, elle réagit comme une gamine de son âge… et pour cela, les caractères ne sont pas surfaits, ils collent bien à la réalité, pas de super héros, juste une bonne petite troupe qui se serrent les coudes pour trouver cette fabuleuse licorne ! 

Vous l'aurez compris, je ne dévoilerai rien de l'histoire, et comme à mon habitude, je vous laisse tout loisir de faire à votre tour, votre propre voyage ! 

Au final, c'est un très bon petit roman de mise en bouche pour se lancer dans l'univers de la fantasy. Un auteur à suivre donc pour la qualité de son écriture et de son imagination, je vais tenter son dernier roman La main de Dieu, gagné chez Bookenstock, plus poussé historiquement, il devrait combler mes attentes.


jeudi 3 avril 2014

Lasser - Un privé sur le Nil - Sylvie Miller & Philippe Ward


Présentation de l'éditeur (critic) - Policiers Fantasy


1935, Le Caire. Jean-Philippe Lasser, détective privé de seconde zone, hante le bar de l’hôtel où il a posé ses valises et ses bureaux, en attendant le coup qui rapportera gros. Pour le moment, il ne décroche que des petites affaires, celles que tous ses confrères ont refusées…
La dernière en date pourrait bien changer la donne : la déesse Isis en personne vient lui demander de retrouver le très convoité manuscrit de Thot. Or, si l’opportunité peut le rendre plein aux as, elle peut aussi le laisser sur le carreau. Malgré ses réticences, il n’est pas en mesure de refuser : dans cette Égypte pharaonique où les Dieux marchent parmi les hommes, quand les premiers ordonnent, les seconds obéissent.
Délaissant son précieux seize ans d’âge, il se lance dans une succession d’enquêtes rocambolesques qui le verra peut-être devenir le seul, l’unique, détective des dieux !

Un privé sur le Nil est le premier tome d'une série prometteuse. Il associe les aventures d'un héros assez peu conventionnel, voir même un peu à côté de la plaque… avec des enquêtes à résoudre au sein du panthéon égyptien. Délirant, non ! 

Découpé en chapitres assez courts, chacun nous entraine dans une nouvelle aventure, et on passe de la recherche du manuscrit de Thot à la la disparition du sexe d'Osiris …. Pas commun, me direz-vous ! Et c'est exactement ce qui fait tout l'intérêt de ce roman, un premier tome qui se passe en Egypte, dans les années 30, mais avec la particularité et l'originalité d'avoir conservé ses divinités antiques qui vivent au grand jour comme n'importe quel être humain. Ces divinités ont des allures de "jet-setteur", c'est assez drôle et bien vu… Leurs pouvoirs résultent de la croyance des gens, qui continuent toujours à les vénérer. On est bien dans du fantastique à échelle mythologique. C'est surprenant au début, mais on s'habitue car le décalage est maîtrisé, cela donne des situations rocambolesques et assez drôles ! 

Le personnage principal est un gros atout de ce livre, il incarne une figure du roman noir des années 30, amateur de belles femmes et de whisky, un détective qui me ferait penser à Bogart, mais sans en avoir l'assurance et le charisme, il manque souvent de discernement et se fait passer à tabac bon nombre de fois, d'ailleurs, il s'en sort toujours bien, malgré ces confrontations avec les dieux qui devraient finir par le tuer… Il a beaucoup de chance face aux caprices de ces divas, et on se demande bien pourquoi parfois ! … Tout cela le rend attachant ! Fazimel et Ouabou, ces deux associés, une jeune femme prévenante et un chat qui parle, finissent le tableau un peu décalé et loufoque de cette série. 

Ces enquêtes courtes qui s'enchaînent dans ce tome sont assez simples à élucider, elles pourraient presque se lire comme des nouvelles. Ce que je reprocherai peut-être c'est la monotonie de la construction des enquêtes, elles sont toutes réalisées sur le même schéma, en effet, nous retrouvons notre détective Lasser est en train de siroter à l'hôtel où il vit, un dieu surgit lui demandant son aide, (sa réputation s'est faite sur sa première affaire et voilà il est très demandé par le panthéon égyptien...) et comme il est toujours à court d'argent, cela devient une aubaine qu'il ne peut refuser, les dieux paient grassement, et il n'a pas vraiment le choix de toute façon.…

A part cela, ce livre donne de bons moments de lecture, agréables et sans complication... Une écriture simple, vivante avec des dialogues pertinents. On sent que les auteurs se sont beaucoup amusés, et les messages passent avec facilité et bonne humeur. Ils nous remémorent également l'histoire les dieux égyptiens, qui sont nombreux et caricaturés à souhait. Un peu d'histoire, un peu d'action, un mélange de genres intéressant !  A suivre donc !