mercredi 6 mars 2013

L'ombre du vent - Carlos Ruiz Zafon

Présentation de l'éditeur (Le livre de poche) - Histoire de vie

Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, " ville des prodiges " marquée par la défaite, la vie est difficile, les haines rôdent toujours. Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y " adopter " un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets " enterrés dans l'âme de la ville " : L'Ombre du Vent. Avec ce tableau historique, roman d'apprentissage évoquant les émois de l'adolescence, récit fantastique dans la pure tradition du Fantôme de l'Opéra ou du Maître et Marguerite, énigme où les mystères s'emboîtent comme des poupées russes, Carlos Ruiz Zafon mêle inextricablement la littérature et la vie.

Comme j'arrive bien après la "bataille", je vais sans doute manquer d'originalité dans ma chronique car tout a été dit et redit sur ce roman ! C'est vrai qu'il a attendu extrêmement longtemps dans ma pal… ! Il a fallu que June et Stellade m'intriguent suffisamment pour qu'enfin ce livre réapparaisse entre mes mains. Les copinautes me parlent d'atmosphère particulière et envoûtante, de belles phrases mélodieuses, de secrets cachés… Je suis convaincue et j'en profite pour m'inscrire au challenge de June, un auteur de ma pal, et voilà le livre est lu, ma chronique est prête, le tour est joué ! Magnifique découverte ! 

"Le cimetière des livres oubliés" est le lieu de départ de cette incroyable histoire. Une bibliothèque extraordinaire, intemporelle qui aurait sans doute mérité qu'on s'y promène un peu plus, mais les descriptions retenues sont assez magnifiques pour révéler un endroit mystérieux, secret et magique. Guidé par son père, Daniel Sempere, jeune barcelonais est amené dans cet endroit unique, ou les livres comme, dans une sorte de maison de retraite, viennent y finir leur jours, ils peuvent y être adoptés, emportés et choyés pour leur dernier voyage. Le livre, choisit par Daniel, va régir et chambouler sa vie, il s'agit d'un livre de Julian Carax intitulé "l'ombre du vent", auteur sans grand succès mais qui déclenche chez ses lecteurs, aversion ou passion destructrice… La vie de Carax va alors passionner Daniel qui n'aura de cesse de reconstituer son histoire et de comprendre pourquoi on a essayé de détruire cet auteur et ses oeuvres…. Et c'est ici que commence la saga des "boites gigogne". Le titre dans le titre, et des histoires dans les histoires. Toutes les pièces du puzzle s'entrelacent et s'imbriquent, la vie de Carax et de Sempere prennent lentement consistance, et les événements viennent chacun à leur tour agrémenter la véracité et la continuité de l'histoire. C'est magique !

L'intrigue qui est une quête de la vérité, tient en haleine le lecteur, parfois comme un thriller (et certaines scènes notamment dans la maison "L'ange de brume" font hérisser les poils…) parfois comme une longue réflexion sur l'homme et ses travers. Ce savant mélange d'action et d'histoires racontées fonctionne à merveille et nous entraîne d'histoire en histoire sans jamais nous égarer, il sait toujours nous ramener à la quête initiale. 

Les descriptions des lieux sont étonnantes et très réalistes, on imagine parfaitement certaines rues sordides, les maisons abandonnées, les cimetières, la vie dans le passé des protagonistes, l'atmosphère d'une Barcelone en mutation… Bref, le décor est savamment planté grâce à une écriture fine, précise, poétique, mais qui sait être nerveuse quand c'est nécessaire…Cette écriture subtile nous entraine au fil des péripéties, des rebondissements, et des coups de théâtre sans temps mort, mais en nous berçant. Délicieux et envoûtant ! 

On rencontre aussi dans ce livre une pléthore de personnage pittoresques, denses et spontanés. Mis à part, notre acteur principal Sempere, qui est finalement assez passif, le personnage phare est sans contexte Fermin Romero de Torres, ces dialogues sont délicieux et rocambolesques… 

"…Garde tes rêves, on ne sait jamais quand on peut en avoir besoin !… " ou encore "…Le monde caquette, nous ne descendons pas des singes, mais des poules !…" 

Sa forte personnalité efface Sempere, au caractère tempéré et tourmenté. Avec Fermin, on vit des sentiments contradictoires, et les rebondissements de sa propre histoire le rende attachant. Comment ne pas déguster un petit sugus en sa présence ! Un vrai gourmandise, ce personnage ! N'oublions pas non plus l''enigmatique Carax qui apporte sa touche mystérieuse et donne toute son ampleur au récit, et aussi l'abject policier Fumero qui terrifie et scandalise ces congénères, quel horrible personnage ! 

Une petite note négative cependant mais qui n'altère en rien le récit, il s'agit du côté fantastique suggéré par la quatrième de couverture qui n'est pas vraiment au rendez-vous ! Mais mis à part ça, foncez, lisez, c'est un récit ensorcelant, un vrai livre de contes et d'atmosphère, un entrelacs de multiples "boîtes gigognes" dans lequel il est bon d'avancer sans jamais se perdre. La fin nous révèle l'essentiel des questions posées, et les quelques zones d'ombre restantes, suffisent à faire fonctionner notre imaginaire ! je vais sûrement me pencher avec grand plaisir sur ces autres romans… Une excellente découverte !

20 commentaires:

  1. Un de mes romans préférés, je le relis toujours avec plaisir et j'ai du mal à le lâcher !
    Je suis impatiente d'aller au Salon du Livre de Paris, où sera Carlos Ruiz Zafon !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne pourrais pas y aller, mais je te souhaite de le rencontrer ! Un grand monsieur ! Merci de ta visite

      Supprimer
  2. Très très belle chronique Licorne. On sent à quel point tu as aimé cette lecture, combien elle t'a transportée (j'aime ce mot "transporté" il veut tout dire pour moi). J'espère que la suite continuera de te plaire. En tout cas, tu donnes vraiment envie de se lancer dans la lecture de ce roman :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup C era, tu me fais rougir ! tu as trouvé le mot juste "transportée", parfois je rentrais tellement dans l'histoire que j'avais l'impression de me réveiller en refermant le livre... et ça ne m'arrive pas si souvent !

      Supprimer
  3. J'entends toujours beaucoup de biebn de cet auteur, un jour il faudra que je song e à m'y mettre !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, Zina, et maintenant que je l'ai lu, je trouve que j'ai attendu trop longtemps !

      Supprimer
  4. belle chronique! pour ma part je vais lire Le jeu de l'ange mais je pense que je vais également m'acheter celui-ci ^^
    je vais peut-être aller au salon, j'espère que ce sera le jour où Zafon sera là!!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ma vivi, je vais lire aussi "le jeu de l'ange", mais je vais attendre un peu... il faut que je dégomme ma pal ! Mais c'est certain ce monsieur a de quoi m'attirer dans ses filets... Tu me raconteras ça, si tu vas au salon, je ne peux y aller mais tu seras mes yeux et mes oreilles ;) hein ma vivi - bisous pleins

      Supprimer
  5. Wahou!!!! Une chronique magnifique, Licorne.J'ai bu tes paroles...Sincèrement;
    Je suis heureuse de me rappeler l'intrigue et les personnages dont j'en retrouve certains dans "le prisonnier du ciel" que je dévore en ce moment...J'espère que tu prendras autant de plaisir dans "le jeu de l'ange" où la dimension fantastique est meilleure à "l'ombre du vent", si je me rappelle...
    Merci Licorne, cet article est vraiment splendide!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Stellade, je suis rouge écarlate ! que de compliments ! je vais me procurer la suite, j'aimerai attendre un peu, histoire de ne pas trop en rajouter à ma pal... mais c'est pas sûr que je résiste ! et si en plus tu me dis que c'est "plus" fantastique ! oh la la ! je suis perdue ! Bisous fort à ma Stellade

      Supprimer
  6. En effet, il n'y a pas grand chose à jeter dans ce magnfique livre qui reste, our le moment, un classique du genre pour moi. Simple, beau, excellent tout simplement :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ton résumé est parfait, "tout simplement". Merci de ta visite Lexounet.

      Supprimer
  7. Je suis d'accord, ta chronique éveille la curiosité sur ce livre ! J'adore ce nom "le cimetière des livres oubliés" très poétique, ça donne envie d'en découvrir plus !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alison, tu as parfaitement raison, c'est très poetique, et ce livre aurait pu s'appeler aussi "le cimetière des livres oubliés". Ce lieu donne bien le ton et l'ambiance de ce récit ! ce n'est pas sinistre mais magique !

      Supprimer
  8. Je crois que nous nous accordons tous pour dire que c'est un merveilleux roman qu'il faut avoir lu. Je ne cesse de l'offrir et de faire des heureux ;) Ta chronique rend bien cette atmosphère particulièrement envoûtante dans laquelle l'écriture de Zafon fait merveille. Depuis j'ai lu d'autres ouvrages de cet auteur mais, curieusement, aucun pour le moment ne m'a laissé un aussi bon souvenir que L'Ombre du vent dont j'avais glané quelques phrases au fil des pages.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Contente d'avoir commencé par le meilleur ...évidemment ça ne laisse pas beaucoup de places, ni de chance aux autres !!! Je vais me laisser tenter par le jeu de l'ange !... Merci de ton passage ici Choco ! On peut souligner sa magnifique plume !

      Supprimer
  9. Je lis ta chronique et tu me donnes envie de relire ce livre que j'avais adoré ! C'est vraiment une histoire magnifique ! Pour le côté fantastique il est un peu plus prononcé dans Le jeu de l'ange et il me semble qu'on y voit davantage le cimetière des livres oubliés (ou qu'on en apprend plus sur lui).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alors tout ça me confirme que je vais devoir augmenter ma pal du "jeu de l'ange".
      Merci de ta visite Frankie !

      Supprimer
  10. Je viens de terminer la lecture de ta chronique qui est tellement vivante !
    Une chose est certaine tu as aimé le livre, ça transpire de toutes tes phrases .

    Pour moi c'est un des meilleurs livres d'atmosphère et tu as si bien fait ton billet que même moi qui l'ai déjà lu j'ai envie de le relire !

    Merci à toi ma lili

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tant mieux si tu as ressenti mon engouement pour ce livre, il me tarde de lire la suite ! Merci encore pour ce challenge qui m'a permis de le lire plus vite que prévu !

      Supprimer

Merci pour vos commentaires ...